Patrick O’Quin (21/02/1822 Pau – 04/05/1878 Pau)
Voici ce que disait de lui Pierre-Antoine Soucaze, notaire et député des Hautes-Pyrénées, dans son livre “Le transpyrénéen – La question du transpyrénéen”, Edition de Tarbes, E. Croharé, 1895, le 8 décembre 1881 :
“A Pau et autour de Pau on est tout à la joie et à l’espérance. Le décret comble tous les vœux, car ce triomphant chemin d’Oloron est d’invention Béarnaise. Ce fut, si le temps n’a pas trop effacé mes souvenirs, mon vieil et regretté Patrik O’Quin qui le mit au monde avec l’assistance d’un sien compère, l’ingénieur Bourra, et qui le soutint de sa vaillante plume contre les défenseurs de la ville de Tarbes et du chemin par Gavarnie, étudié par M. l’ingénieur Colomès de Juillan. Dans ce conflit de prétentions rivales, M. O’Quin, une belle et noble intelligence cependant, et qui a fait honneur à son pays, mais Béarnais jusqu’au bout des doigts, faisait sans en douter le jeu de qui perd gagne; car s’il eût été vaincu, si le tracé de Gavarnie avait pu prévaloir, c’est la ville de Pau qui aurait accueilli les principaux fruits de sa victoire.”
Quelques citations extraites de son livre “Des Chemins de fer Pyrénéens” à l’Imprimerie de Vignancour, Pau, 1853 :
p1 :”Poser dans ses véritables termes la question des Chemins de fer Pyrénéens, en ce moment soumise par le Gouvernement à une étude approfondie ; rappeler en peu de mots les diverses phases qu’elle a présentées ; la dégager des complications enfantées par de longues contreverses et surtout par le conflit d’intérêts opposés ; grouper, enfin, les élémens principaux d’une solution que chacun croit avoir trouvée et sur laquelle personne n’est d’accord : tel est le but du travail que nous entreprenons. Peut-être paraitra-t-il utile et opportun d’offrir aux esprits impartiaux, à ceux que n’aveugle point la passion et que n’anime pas le désir de faire triompher à tout prix un dessein préconçu, le fil conducteur à l’aide duquel ils pourront se guider au milieu du dédale d’opinions divergentes. Pour arriver à ce résultat, pour fournir aux hommes qui cherchent la vérité, sans parti pris d’avance les moyens de se former une conviction d’autant plus sérieuse qu’elle sera en quelque sorte spontanée, il importe de se borner autant que possible à énoncer des faits, de s’abstenir d’appréciations personnelles, de se renfermer, en un mot, dans le rôle modeste de rapporteur. C’est, en effet, celui que nous voulons prendre aujourd’hui.”
p20 : “Ces graves objections ne sont cependant pas les seules que soulève le plan de la Compagnie Dembarrère. Si l’on mesure sur la carte la distance à vol d’oiseau qui sépare Luchon de Saragosse, par Barbastro, on trouve qu’elle est d’environ 189 kilomètres, tandis que d’Oloron à Saragosse, par Jaca, la distance, également prise à vol d’oiseau, se réduit à 162 kilomètres environ. Or, le chemin de fer central Espagnol devant nécessairement passer par Saragosse, il importe que le rail-way français qui viendra s’y rattacher franchisse les Pyrénées au point le plus rapproché possible de cette ville.”
p80 : “De Pau à Gan, la construction du chemin de fer n’exigerait pas de travaux considérables ; mais il en serait tout autrement de Gan à Rébénacq. L’étroite et tortueuse vallée du Néez, enserrée par deux chaines de coteaux aux flancs abrupts, est placée dans les conditions les plus défavorables pour l’assiette de la voie. Si malgré les continuelles sinuosités qu’elle présente, les ingénieurs songeaient à adopter des courbes assez étendues pour que cette section ne fût point assujétie à un mode spécial d’exploitation, les travaux immenses et les énormes dépenses que nécessiterait l’exécution d’un semblable projet le feraient bien vite abandonner. Si au contraire, ils voulaient s’en tenir à des courbes d’un petit rayon, telles que la disposition du terrain les impose, l’emploi d’un système particulier de locomotion, celui de M. Arnoux, par exemple, et la diminution considérable de la vitesse deviendraient par cela même inévitables. Quant au tunnel de 3600 mètres au moins qu’il faudrait percer à travers le contrefort de Sévignac, nous n’en parlerons point pour constater que, sur toute la ligne de Toulouse à Bayonne, aucun autre souterrain de cette étendue n’est à creuser, mais simplement pour faire remarquer que la constitution géologique du côteau sous lequel il doit pénétrait opposerait d’incessantes difficultés aux efforts des hommes de l’art. Ils auraient à se prémunir contre l’éboulement de terres mobiles et détrempées par les eaux, contre les infiltrations qui sillonnent ces terrains pour se réunir dans le réservoir d’où jaillit le ruisseau le Néez.”
p92 : “Mais quoi ! S’écrie-t-on, vous repoussez le chemin de fer entre Pau et Oloron, parce que l’assiette de la voie rencontrera des obstacles considérables, et vous faites miroiter à nos regards la perspective d’un autre chemin de fer qui, de Pau, se prolongerait jusqu’à Saragosse ! Comment pourriez-vous être sincère, et n’est-ce pas un leurre que vous nous proposez !”
p94 : “Trois cent mille tonnes, bon Dieu ! Messieurs d’Oloron y ont-ils bien pensé ? Mais le tonnage du canal latéral à la Garonne n’a été, en 1850, que de 152 660 tonnes !”
p95 : “Oublions ce chiffre fabuleux, et suivons, dans l’ordre où ils se développent, les raisonnements des honorables auteurs du Mémoire.”
p112 : “Mais la mission d’un rapporteur, – c’est celle que nous avons voulu prendre, – exclut aussi bien l’indifférence que la partialité. Reproduire fidèlement les argumens contraires, les mettre en parallèle, et énoncer le résultat de la comparaison, tel est le devoir qui lui est imposé et auquel nous croyons n’avoir point failli. Sans doute, en cherchant uniquement la vérité, en la disant librement à tous, nous risquons fort de n’avoir satisfait personne, parmi ceux du moins qui ne se résigneront jamais au sacrifice des prétentions égoïstes ou d’opinions exclusives. Mais peu nous importe, si nous avons fourni à un seul esprit dégagé de toute prévention les moyens d’émettre un avis éclairé. C’est du reste devant le public seul que nous avons voulu exposer les faits de ce débat. Quant au gouvernement, juge aussi impartial que bienveillant, il se prononcera après avoir recueilli les témoignages intelligents et fidèles de l’enquête en ce moment ouverte. Nos populations peuvent attendre avec confiance de sa sollicitude la satisfaction de leurs besoins trop long-temps méconnus.”
Quelques citations extraites de son livre “Chemin de fer de France en Espagne” à l’Imprimerie de Vignancour, Pau, 1856 :
pIX : “La France, enfin, tend la main à la Péninsule; chaque jour, ses voies de fer en cours d’exécution avancent d’un pas vers la frontière; et bientôt Napoléon III, par la concession du réseau Pyrénéen, que plusieurs compagnies demandent à l’envi, aura réalisé l’application d’une des plus belles découvertes du génie moderne à la vaste conception de Napoléon Ier.”
p17 : “Entre Pau et la frontière, on compte quarante-un tunnels; y compris le grand souterrain de Sansané, sept grands viaducs, dont trois au moins pourraient être supprimés par de nouvelles études, plusieurs ponts à avalanches et un grand nombre d’ouvrages d’art d’une moindre importance.”
p35 : “Au point de vue politique, en effet, il est facile de comprendre les immenses résultats de l’ouverture d’une grande artère, destinée à mettre en communication, par la voie la plus directe, Lisbonne, Tolède, Madrid, Saragosse et Paris.”
p36 : “Le Portugal, isolé aujourd’hui de tout le reste du continent, et communiquant seulement avec l’Angleterre par la voie maritime, sera émancipé de ce patronage quand un facile et rapide accès vers la France et le nord de l’Europe lui sera ouvert par le centre de l’Espagne.”
p36 : “…sans rappeler l’importance que les deux plus grands capitaines des temps anciens et modernes, César et Napoléon, ont attaché à cette voie stratégique,…”
p44 : “… on a peine à embrasser par la pensée les merveilleux horizons que doit ouvrir à la prospérité des deux pays la réalisation de ce projet grandiose.”
p57 : “La construction de ce chemin Franco-Espagnol vivifiera le midi de la France et changera la face de l’Espagne.”
p57 : “Le moment approche, d’ailleurs, où la France verra succéder une paix féconde à la guerre qui a porté si haut l’honneur de ses armes. Que de grandes choses ne s’accompliront pas alors, grâce à l’initiative d’un Prince auquel la Providence semble avoir réservé toutes les gloires ! Et ce ne sera certainement pas l’œuvre la moins belle et la moins féconde de son règne que celle qui assurera dans l’avenir l’union intime et l’imprescriptible alliance de la France avec l’Espagne.”