Francisco José de Goya y Lucientes (30/03/1746 Fuendetodos – 16/04/1828 Bordeaux)
“Goya, cauchemar plein de choses inconnues
De fœtus qu’on fait cuire au milieu des sabbats,
De vieilles au miroir et d’enfants toutes nues,
Pour tenter les démons ajustant bien leurs bas ;”
Charles Baudelaire (1821-1867) – Les Fleurs du Mal – 1857 – Spleen et Idéal VI Les Phares
“Les cons, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît.”
Michel Audiard (1920-1985) – Les tontons flingueurs – 1963
Vous qui n’avez certainement jamais franchi le col du Somport,
Vous qui n’avez jamais vu un train de votre vie, et pour cause, la première ligne ferroviaire a été inaugurée en France 9 années après votre mort et en Espagne 20 années après votre mort,
Vous qui n’auriez jamais osé peindre cette horrible et abjecte chose, une locomotive poussive et fumante gravissant les pentes du Somport au ralenti,
Oui, ils osent souiller votre glorieux nom pour nommer leur ligne ferroviaire aux rails rouillés, aux ponts effondrés et aux tunnels démantelés,
Oui, ils osent utiliser vos œuvres connues dans le monde entier pour illustrer leurs publications quelconques et grossières,
Oui, ils osent afficher votre portrait sur leurs présentations médiocres et défraîchies,
Au prétexte fallacieux que vous soyez nés près de Saragosse et mort à Bordeaux,
Mais dîtes-vous bien que dans 1 000 ans encore, l’on viendra toujours du monde entier admirer vos chefs d’œuvre au Musée du Prado,
Alors qu’eux, dans moins de 50 ans, ils seront tombés dans les oubliettes de l’Histoire,
Jamais, nous n’oserons salir votre nom avec leur forfaiture,
A croire que vos “Sorciers volants” ou vos gravures des “Désastres de la Guerre” les rendent fous,
Mais qu’ils fassent très attention,
Car bientôt, ils risquent de se retrouver aussi nus que votre “Maya desnuda”,
Ou en très mauvaise posture comme vos insurgés du “Tres de Mayo”,
Ou manger tout cru par votre “Saturne”,
A moins qu’ils n’aient perdu leurs têtes, comme vous avez perdu la vôtre, disparue à Bordeaux entre la Faculté de Médecine et un bar du quartier des Chartrons,
Tout à côté de là où ils sévissent…