Les actualités 2025 de la ligne Pau – Canfranc – Saragosse
9 mars 2025 : l’hypocrisie insupportable de la Région et de SNCF Réseau
C’est une émission du dimanche 2 mars 2025 sur France 3 Nouvelle-Aquitaine [1] qui donne vraiment envie de vomir tellement la Région et SNCF Réseau sont méprisables et détestables. Dans cette émission consacrée à l’Avenir des TER en Limousin, Jean-Luc Gary, directeur territorial de SNCF Réseau, n’a pas hésité à verser des pseudo-larmes de crocodile pour expliquer qu’il devait prendre la décision de fermer la ligne Guéret – Aubusson – Felletin le 31 août prochain et n’a pas hésité à expliquer que l’Etat, la Région et SNCF Réseau ont cherché des solutions mais n’en ont pas trouvées ! Renaud Lagrave nous a refait le coup de la Région qui n’est responsable en rien et l’Etat responsable en tout car propriétaire des lignes.
Pourtant, quand il s’agissait de mettre 122M€ pour rouvrir Oloron-Sainte-Marie – Bedous sans l’Etat pourtant propriétaire de la ligne, cela n’a pas posé de problèmes. De même, lorsqu’il s’agira de mettre plusieurs centaines de millions d’euros pour prolonger jusqu’à Canfranc, on se dispensera aussi de l’argent de l’Etat !
Pourtant selon le représentant de la CGT, il suffirait de 50M€ pour sauver la ligne. Soit deux fois le coût des études de la réouverture de Pau à Canfranc 2016-EU-TA-0210-S, 2019-EU-TA-0040-M et 22-EU-TG-PCZ 2022 qui ont été mises directement à la poubelle. Quant au Président de l’association AngouLim qui milite pour la réouverture de la ligne ferroviaire Limoges – Angoulême, il a bien compris que la Région et SNCF Réseau n’en ont strictement rien à faire de la réouverture de sa ligne fermée depuis 2018… Pourtant, avec 450 passagers en 2016 avant la mise en place de limitations de vitesse [2], cette ligne faisait autant, si ce n’est mieux en fréquentation que Pau – Oloron-Sainte-Marie depuis 2016.
Adieu Guéret – Aubusson – Felletin, c’est désormais terminé !!! Cela fait maintenant la troisième ligne en Limousin qui ferme depuis la fusion des Régions en 2015. Les Limousins peuvent avoir beaucoup de regrets que leur Région ait été absorbée par l’Aquitaine…
[1] : « Dimanche en politique – Limousin » « L’avenir des TER en Limousin » – France 3 Nouvelle-Aquitaine – 2 mars 2025
https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/programmes/france-3_nouvelle-aquitaine_dimanche-en-politique-limousin?id=6949363
[2] : « La lente et inexorable agonie d’une ligne ferroviaire de Charente » – Frédéric Potet – Le Monde – 3 novembre 2018
5 mars 2025 : le Préfet qui réitère le non-engagement de l’Etat, l’excitation avec la visite de parlementaires européens en Aragon, le Président Trump qui justifierait la réouverture, les travaux qui n’en finissent pas en Aragon, les 3 mensonges du Président de la Région
Le jeudi 20 février 2025 s’est tenue la réunion annuelle du comité de sécurisation de la RN 134 sous la présidence de la sous-préfète d’Oloron-Sainte-Marie, Marion Aoustin-Roth. Etaient présents à cette réunion la plupart des maires de la vallée d’Aspe, dont Bernard Uthurry, maire d’Oloron-Sainte-Marie, mais aussi le député Inaki Echaniz qui est intervenu en visio-conférence. Chose rare qui n’est pas passée inaperçue, le Préfet des Pyrénées-Atlantiques, Jean-Marie Girier, s’est invité à la réunion, ce qui n’est que rarement arrivé les années précédentes. Son intervention a fait forte impression puisqu’il a dézingué le portique de Borce, cher au député Echaniz, en expliquant qu’une écotaxe n’aurait aucun impact sur la fréquentation de la RN 134 par les poids-lourds, et surtout, il a réitéré le discours de l’Etat qui n’interviendra pas financièrement sur la réouverture de la ligne ferroviaire Pau – Canfranc, toujours en conformité avec le rapport du COI de décembre 2022 – janvier 2023. L’on s’était étonné de l’absence de la présence de l’Etat durant la concertation de l’automne 2024, on se doute que l’intervention du Préfet a été télécommandée depuis le Ministère des Transports et il aura fallu moins de deux mois pour que l’Etat se rappelle à son bon souvenir et mette les points sur les i.
Une délégation de députés du Parlement Européen emmenée par le vice-président Robert Zile s’est déplacée en Aragon du 24 au 26 février dernier pour discuter des transports en Aragon. A noter qu’aucun parlementaire français ne s’était joint à cette délégation. Les parlementaires ont un peu discuté de la réouverture de la ligne Pau – Canfranc – Saragosse, mais beaucoup de de la Traversée Centrale des Pyrénées [1] au point que les parlementaires ont acté le financement de nouvelles études pour déterminer l’emplacement de cette future liaison [2]. Un nouvel argument a été développé pour justifier la réouverture de la ligne ferroviaire Pau – Canfranc – Saragosse : le Président Trump et sa dérive isolationniste qui justifierait un passage permettant à l’armement de l’OTAN de traverser les Pyrénées [3] ! Il fallait y penser ! A noter que lors de la réunion plénière à l’hôtel de Canfranc le 26 février, Renaud Lagrave a fait une apparition remarquée : fier du succès de la réouverture de la section Laluque – Tartas, son PROJET, il a pu enfin sortir de son placard doré et refaire parler de lui.
Les travaux de rénovation de la voie entre Huesca et Canfranc devraient bientôt se terminer et la ligne ferroviaire sera alors rendue aux circulations cet été [4]. Pour rappel, les travaux avaient débuté le 19 juin 2023 et devaient se terminer le 20 mai 2024. Les dates de fin de travaux n’ont cessé d’être repoussées : 30 septembre 2024, puis 30 décembre 2024, puis 31 mars 2025… Maintenant l’on parle de l’été 2025 sans plus de précisions… L’on table désormais sur 13 mois de retard au minimum pour des travaux qui devaient durer initialement 11 mois ! Et pour éviter le pire, les travaux se déroulent également de nuit ainsi que les samedis et dimanches. Bel exploit de la gestion de projet en Aragon qui s’accompagne d’une explosion des coûts mais de cela personne ne préfère parler. Les dernières informations étaient d’un doublement du budget passant de 100,1M€ à 200M€ en attendant certainement plus. Ce n’est vraisemblablement que dans quelques années que la facture finale sera établie puisqu’un tel cas vient de se produire en Aragon. Une indiscrétion vient en effet de révéler que les coûts de rénovation de la gare de Canfranc ont été de 37,9M€ au lieu des 26,9M€ initialement prévus, ce qui fait un joli dépassement de 41% [5].
On se souvient des 2 mensonges itérés par le Président du Conseil Régional lors de la réunion de clôture de la concertation du 16 décembre 2024 à Oloron-Sainte-Marie :
- Le premier mensonge concerne la voie ferrée qui aurait tenu le choc des inondations du 6 septembre 2024 [6] : mensonge car il avait été précédemment informé par SNCF Réseau des dégâts à la voie ferrée en haute vallée d’Aspe ;
- Le deuxième mensonge concerne la fréquentation de la ligne ferroviaire Pau – Oloron – Bedous qui serait de 850 usagers par jour en moyenne (valeur qui n’a d’ailleurs pas été retranscrite dans le compte-rendu de réunion [6] !) : mensonge car cela représente 150 usagers de plus que les estimations de ses propres services, sachant que les comptages de SNCF Gares & Connexions font état de seulement 538 usagers par jour en moyenne.
On peut rajouter désormais un troisième mensonge :
- Le troisième mensonge concerne le nombre de poids-lourds en vallée d’Aspe qui serait de 1 000 poids-lourds les mardis et mercredis [6] : mensonge car les données de la DIR Atlantique de 2024 qui viennent d’être publiées [7] montrent que le trafic moyen journalier est de :
- 701 poids-lourds au Gabarn d’Oloron-Sainte-Marie ;
- 393 poids-lourds à Asasp ;
- 500 poids-lourds à Sarrance ;
- 426 poids-lourds estimés à l’Estanguet ;
- 336 poids-lourds estimés aux Forges d’Abel.
En recoupant avec les données Avatar de Bison Futé et les données de fréquentation dans le tunnel du Somport de l’exploitant Matinsa, le nombre moyen de poids-lourds les mardis et mercredis est d’environ 18% à 19% du total de la semaine, ce qui fait que le trafic moyen les mardis et mercredis est au maximum de :
- 932 poids-lourds estimés au Gabarn d’Oloron-Sainte-Marie ;
- 523 poids-lourds estimés à Asasp ;
- 665 poids-lourds estimés à Sarrance ;
- 567 poids-lourds estimés à l’Estanguet ;
- 447 poids-lourds estimés aux Forges d’Abel.
On est donc très loin de 1 000 poids-lourds les mardis et mercredis en vallée d’Aspe ! A noter également que le trafic journalier moyen de poids-lourds au tunnel du Somport, après avoir augmenté linéairement de 180 à 340 poids-lourds de 2003 à 2018, se stabilise désormais autour de 320 à 370 poids-lourds depuis 2018.
[1] Azcón ve una “alta receptividad” para que la Travesía Central Pirenaica “vuelva a ser una realidad” – Diario del AltoAragon – 26 de febrero 2025
[2] El Parlamento Europeo respalda un estudio para implementar la TravesíaCentral del Pirineo – Diario del AltoAragon – 27 de febrero 2025
[3] Aragón reivindica el Canfranc y la Travesía Central Pirenaica para “rearmar”Europa ante la “deriva aislacionista” de EEUU – Laura Carnicero – El Periodico de Aragon – 26 de febrero 2025
[4] El Gobierno prevé retomar este verano el tráfico ferroviario Huesca-Canfranc – Ricardo Grasa – Diario del AltoAragon – 27 de febrero 2025
[5] La reforma de la estación de Canfranc tuvo un sobrecoste del 41%, unos 11millones de euros – Sergio H. Valgañón – El Periodico de Aragon – 17 de febrero 2025
[6] Compte-rendu Réunion publique de clôture 16/12/2024, Oloron-Sainte-Marie – SNCF Réseau, SNCF Gares & Connexions
[7] Année 2024 : Recensement de la circulation sur le réseau routier national Atlantique Trafic Moyen Journalier Annuel – Ministère chargé des Transports, DIRA – 24 janvier 2025
7 février 2025 : et pendant ce temps en Espagne, la Traversée Centrale des Pyrénées revient à l’ordre du jour
Pendant qu’au nord des Pyrénées, l’on continue de discuter du sexe des anges, à savoir s’il faut 1 ou 2 haltes à Urdos et / ou Etsaut, s’il y aura 8 ou 10 trains de marchandises la nuit, et toutes autres foutaises sans beaucoup intérêt ; en Espagne, les discussions sont d’un tout autre niveau. En effet, depuis plusieurs mois et surtout depuis l’élection de Jorge Azcón, le sujet de la Traversée Centrale des Pyrénées TCP, connue aussi sous le nom d’Axe 16, redevient à l’ordre du jour. Ce n’est plus uniquement l’Aragon qui pousse, mais aussi le Portugal et l’Estrémadure, à la fois pour des raisons civiles mais aussi militaires [1] avec comme objectif de finaliser le tunnel et le projet pour 2050. Ainsi, en complément du corridor Cantabrie – Méditerranée, la finalisation de l’Axe 16 permettrait de relier les ports de Valence, Algésiras et Sines avec Saragosse, Toulouse et Paris [2]. Déjà, le 20 novembre 2024, Jorge Azcón avait rencontré le nouveau Commissaire Européen aux Transports, Apostolos Tzitzikostas, afin de discuter de la réinscription de la TCP comme axe prioritaire du RTE-T [3]. Depuis, la Fundación Transpirenaica est relancée avec l’arrivée d’une nouvelle directrice, Cristina García, qui a d’ores et déjà embauché deux permanents au sein de la fondation [4].
Entre temps, l’Alliance Européenne pour le Développement des Corridors Ferroviaires corredores.eu a édité un rapport sur ce sujet [5] et a participé à un colloque le 15 novembre 2024 à Saragosse. Une étude faite par des ingénieurs et experts a également produit un rapport sur les améliorations à apporter dans le réseau ferré autour de Saragosse [6]. L’association a organisé une journée entière à la Chambre de Commerce de Saragosse le 13 décembre 2024 pour présenter ses travaux.
[1] : Eje 16: la vía para mercancías enterrada por Zapatero y el independentismo que mantiene aislada a Extremadura – Ismael Poveda – El Mundo – 12 de enero 2025
[2] : Azcón alude a la “necesidad” de la Travesía Central el Pirineo – Diario del AltoAragon – 8 de marzo de 2024
[2] : Azcón reivindica el Canfranc y la TCP ante el próximo comisario de Transporte de la UE – Jorge Alonso – 21 de noviembre de 2024
[3] : Cristina García asume la dirección de la Fundación Transpirenaica – Jorge Alonzo – Heraldo de Aragon – 24 de enero de 2025
[4] : Fundamentos sobre las conexiones ferroviarias entre la Península Ibérica y el resto del Continente Europeo – corREDores.eu – abril 2024
[5] : Resumen ejecutivo propuesta de mejoras de la infraestructura ferroviaria de Zaragoza y su entorno – Asociación Española de Transporte – 31 de agosto 2024
5 février 2025 : le retour en grâce de Renault Lagrave ???
Miracle dans les Landes ! Après 17 mois d’attente, soit environ 520 jours, et des rails tous neufs bien corrodées par la rouille, le premier train de marchandises a enfin circulé ce lundi 3 février sur la section Laluque – Tartas récemment réhabilitée [1]. Pour rappel, cette section avait été entièrement rénovée en 2023 pour un budget de 16,6M€ financé à 70% par la Région et 30% par l’Etat. Mais comme toujours, la Région ne s’est pas posé la question des entreprises susceptibles d’utiliser cette voie ferrée. Les entreprises intéressées se sont depuis longtemps tournées vers le transport routier et ne s’en plaignent pas [2]. C’est donc après insistance de la Région que la coopérative Maïsadour a accepté de transporter une partie de sa production de maïs par cette voie ferrée.
Avec cette première circulation d’un train de marchandises, c’est le retour en grâce de Renaud Lagrave. En effet, cette ligne ferroviaire, c’est SON PROJET. En tant que landais et Vice-Président de la Région en charge des Mobilités, c’est lui qui a porté SON PROJET depuis les origines, projet que toutes les personnes sensées savaient depuis toujours qu’il serait voué à l’échec. Avec ce premier train de marchandises sur cette ligne réhabilitée, peut-être reverrons-nous la réhabilitation de Renaud Lagrave sur la réouverture de la ligne ferroviaire Pau – Canfranc – Saragosse, lui qui fut étonnamment absent durant toute la concertation ?
A quand le deuxième train de marchandises ? On verra peut-être un train transportant le livre de Renaud Lagrave sur Henri Emmanuelli en millions d’exemplaires qui prendraient alors la direction de toutes les librairies des Landes et de Nouvelle-Aquitaine, ou plus vraisemblablement la direction… de la déchetterie.
[1] : Fret ferroviaire – Réouverture de la voie entre Laluque etTartas – Les Annonces Landaises – 5 février 2025
[2] : Landes : bientôt un retour des trains sur la ligne ferroviaire de fret entre Laluque et Tartas ? – Christopher Cordeiro – Sud-Ouest – 4 novembre 2024
25 janvier 2025 : 2025 comme 2024, un nouveau Premier Ministre partisan de la réouverture, un Préfet à peine nommé et déjà sur un siège éjectable, les comptages en cours sur la ligne ferroviaire Pau – Oloron – Bedous, SNCF Réseau confirme bien que la voie ferrée a été fortement endommagée par les inondations du 6 septembre 2024
Une nouvelle année débute et avec elle son lot d’incertitude. Une chose qui est certaine, malheureusement, c’est que les usagers de la ligne ferroviaire Pau – Oloron – Bedous ne verront aucune amélioration de la robustesse de cette ligne en 2025. Avec 37% de suppression des circulations en 2024, c’est un nouveau record de suppressions, et ce, malgré les efforts de la directrice de la ligne à SNCF Voyageurs, Delphine Biscaye, qui a pourtant accru les moyens pour améliorer la situation.
La fin d’année 2024 a été marquée par la nomination d’un nouveau Premier Ministre, François Bayrou, promoteur historique de la réouverture, mais pourtant bien silencieux depuis quelques années et en particulier durant la concertation. Au final, cette nomination est plutôt une bonne chose pour la ligne ferroviaire car une parole de sa part à ce sujet permettrait de placer le débat au niveau national, ce que la Région et SNCF Réseau cherchent à éviter absolument. Notre nouveau Premier Ministre se fait déjà étriller par ses nombreux voyages entre Paris et Pau en Falcon de la République, il vaudrait mieux qu’il évite de se faire encore plus conspuer par son soutien à un projet synonyme de gabegie et de gaspillage d’argent public : il a été mis à cette place précisément pour redresser les comptes de la France, pas pour se disperser dans un projet malsain et sans aucun intérêt.
Cette fin d’année 2024 a aussi et surtout été marquée par la concertation, 2025 verra le projet peut-être continuer avec une concertation en continue et la poursuite des études. C’est le nouveau Préfet des Pyrénées-Atlantiques, Jean-Marie Girier nommé le 25 novembre 2024, qui serait la personne décisionnaire de la continuation ou non du projet, et donc qui est déjà sur un siège éjectable. Il va bien évidemment en référer au Ministre des Transports qui va lui-même consulter son service de la DGITM, et en conclure évidemment d’arrêter au plus vite cette mascarade. Et c’est là que la petite politique politicienne va rentrer en jeu, certains appelleront cela de la magouille. On se doute bien que le Président de la Région ne va pas en rester là ! Va-t-il faire remplacer le nouveau et actuel Préfet par un autre Préfet plus conciliant comme il l’avait fait en 2013 en se référant au Ministre de l’Intérieur de l’époque, à savoir Manuel Valls ? Ironie de l’histoire, Manuel Valls se retrouve aujourd’hui ministre du gouvernement de François Bayrou, mais à l’Outre-Mer ! Il faudra donc s’adresser à l’actuel Ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau et l’on voit mal Bruno Retailleau se fourvoyer et accepter une telle demande de la part d’un président de région socialiste ! Il faudra alors que notre Président de Région se tourne vers le Premier Ministre François Bayrou pour faire les arbitrages. Le Premier Ministre prendra-t-il le risque de se compromettre dans une affaire qui pourrait se traduire par un scandale suivi d’une censure du gouvernement et d’une fin de mandat prématurée. Wait and see…
En attendant, SNCF Voyageurs a décidé de faire quelques comptages de voyageurs sur la ligne ferroviaire durant la semaine du 13 au 19 janvier 2025, histoire de prouver que la ligne ferroviaire voit passer 850 voyageurs par jour, puisque c’est ce que nous a rappelé le Président de la Région lors de la réunion de clôture du 16 décembre 2024 à Oloron-Sainte-Marie. Deux agents de comptage se sont attelés à cette tâche pas très compliquée qui demande comme seule compétence de savoir compter jusqu’à 10. Le CROC demandera lors du comité de lignes 2025 de l’étoile de Pau que soit communiqués les résultats de ses comptages. Comme à son habitude, la Région répondra que ces comptages sont confidentiels et ne peuvent être publiés et sortira une valeur de son chapeau de 900 voyageurs par jour. Le CROC en a donc profité pour faire ses propres comptages à la halte de Bidos et les résultats sont proprement catastrophiques :
Date du comptage | lun 13 | lun 13 | sam 25 | sam 18 | dim 19 | lun 13 | jeu 23 |
Numéro de train | 867411 | 867419 | 867419 | 867427 | 867435 | 867435 | 867437 |
Pau | 07h15 | 08h48 | 08h48 | 14h33 | 17h38 | 17h38 | 19h06 |
Oloron | 07h51 | 09h24 | 09h24 | 15h09 | 18h14 | 18h14 | 19h42 |
Bidos | 07h55 | 09h28 | 09h28 | 15h14 | 18h19 | 18h19 | 19h46 |
Bedous | – | 09h53 | 09h53 | 15h39 | 18h44 | 18h44 | 20h11 |
Nombre de passagers dans le train (venant d’Oloron) | 11 | 1 | 0 | 0 | 1 | 3 | 3 |
Nombre de passagers dans le train (allant vers Bedous) | – | 1 | 0 | 0 | 1 | 1 | 1 |
Nombre de montées à Bidos | – | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 |
Nombre de descentes à Bidos | 11 | 0 | 0 | 0 | 0 | 2 | 2 |
Date du comptage | lun 13 | sam 25 | lun 13 | sam 18 | lun 13 | jeu 23 |
Numéro de train | 867416 | 867426 | 867426 | 867428 | 867438 | 867442 |
Bedous | 07h22 | 08h55 | 12h09 | 14h40 | – | 19h13 |
Bidos | 07h47 | 09h20 | 12h35 | 15h05 | 18h09 | 19h38 |
Oloron | 07h55 | 09h28 | 12h43 | 15h13 | 18h18 | 19h46 |
Pau | 08h32 | 10h04 | 13h19 | 15h49 | 18h54 | 20h22 |
Nombre de passagers dans le train (venant de Bedous) | 0 | 0 | 1 | 0 | – | 0 |
Nombre de passagers dans le train (allant vers Oloron) | 0 | 0 | 1 | 0 | 8 | 0 |
Nombre de montées à Bidos | 0 | 0 | 0 | 0 | 8 | 0 |
Nombre de descentes à Bidos | 0 | 0 | 0 | 0 | – | 0 |
A part les quelques salariés de Safran Landing Systems, toujours moins de 15 par jour, qui prennent le train entre leur domicile et leur travail, les automotrices sont quasiment vides de passagers. Ainsi, l’agent de conduite, l’agent d’accompagnement et le préposé au comptage sont souvent les seuls et uniques personnes présentes dans l’automotrice.
La polémique de ce début d’année est liée à la phrase du Président de la Région qu’il a répété à plusieurs reprises : “La voie ferrée a tenu, la route s’est effondrée”. De nombreuses personnes sont allées vérifier sur place et ont bien vu que la voie ferrée a été fortement endommagée par les inondations du 6 septembre 2024. A partir d’un texte du CROC et de quelques photos prises par des habitants de la vallée d’Aspe, la République des Pyrénées et Sud-Ouest ont fait des articles complets et sourcés de ces informations [1] [2]. Bien évidemment, l’association des partisans de la réouverture n’a trouvé rien de mieux que de se fendre d’un communiqué [3] pour tenter de démontrer l’impossible en reconnaissant que la voie ferrée n’a pas tenue, mais qu’elle a tenu quand même, et que pour sauver la planète et nos finances publiques, il ne faut pas s’arrêter à cela. Personne n’est désormais dupe, et les tergiversations de cette association n’intéressent plus personne tellement elle perd désormais toute crédibilité.
La réponse et la fin de la polémique sont venus quelques jours plus tard de SNCF Réseau qui a répondu à des contributeurs sur le site internet de la concertation. En réponse à deux contributeurs, SNCF Réseau a bien confirmé que la voie ferrée a été fortement endommagée, que des travaux sont programmés, et qu’elle a bien prévenu le Président de la Région de cette situation :
- en réponse à une contribution du 17 décembre : “Concernant les dégâts sur la voie suite au phénomène climatique exceptionnel, l’information a bien été ajustée auprès de la Région et son président : la crue du gave a effectivement emporté une partie de la plateforme sur un tronçon. Des travaux de sécurisation sont en cours de préparation pour y remédier.”
- en réponse à une contribution du 9 décembre : “Concernant la ligne ferroviaire, elle a été impactée par le phénomène climatique exceptionnel au droit de l’effondrement de la RN134, le glissement de terrain ayant recouvert la ligne, ainsi que sur un tronçon longeant le Gave d’Aspe dont la crue a emporté des éléments de plateforme.”
Le Président de la Région a donc bien été tenu informer des dégâts à la voie ferrée en haute vallée d’Aspe par SNCF Réseau et l’on en déduit qu’il n’a pas hésité à mentir lors de la réunion de clôture de la concertation et lors de la cérémonie de ses vœux.
[1] : « La voie ferrée n’a pas tenu » : le Croc répond à Alain Rousset – La République des Pyrénées – 15 janvier 2024
[2] : Pyrénées une portion du chemin de fer a dégringolé à Urdos et menace de finir dans le gave – Etienne Czernecka – Sud-Ouest – 15 janvier 2024
[3] : La voie ferrée de la vallée d’Aspe en « bon état général » : le Creloc répond au Croc – La République des Pyrénées – 20 janvier 2024