Les études de convergence
“Renoncez à l’étude et vous n’aurez aucun souci.”
“Trente rayons convergent au moyeu, mais c’est le vide médian qui fait marcher le char.”
Lao-Tseu (environ -550 – environ -450)
Comme il serait lucide de méditer ces sages pensées de Lao-Tseu et de renoncer une fois pour toute à ces folles études et à ce projet fou qui est le vide et le néant absolu.
Résumé de l’article
Cet article analyse le contenu des études de convergence au travers des études d’avant-projet de la ligne Canfranc – Saragosse. Ces études de convergence n’ont jamais été diffusées tellement leur contenu est sensible et explosif. Seule, une jolie présentation de José Luis Soro a été largement diffusée et montrée à la presse. Ce n’est que 18 et 48 mois plus tard en mars 2022 et septembre 2024 que les études d’avant-projet de Huesca à Canfranc et les études du tunnel ferroviaire du Somport ont permis de découvrir une synthèse du contenu des études de convergence. Les résultats sont effectivement sidérants. Les premiers livrables montrent que l’autoroute ferroviaire est abandonnée, qu’il n’y aura certainement jamais d’électrification, que la durée des trajets entre Pau et Saragosse ne sera pas améliorée, que la fameuse ligne internationale se réduira à 2 malheureux aller-retours de Pau à Saragosse chaque jour et que le trafic de marchandises consistera à transporter quelques trains de containers et de céréales chaque semaine. Coincé entre l’Europe qui exige des critères environnementaux très stricts et des travaux difficiles et coûteux, nos politiciens locaux essaient de s’extirper de ce guêpier par un projet mal fait, mal ficelé et absolument hallucinant.
Version initiale du 1er mars 2022, dernière mise à jour au 8 octobre 2024
Analyse des études de convergence
(lot 3 de la première étude 2016-EU-TA-210-S)
Des études de convergence complètes mais pas diffusées
Les études de convergence objet du lot 3 de l’étude pour la réhabilitation du tronçon ferroviaire de Pau à Saragosse 2016-EU-TA-210-S ont traité les éléments suivants :
- A: Spécifications techniques communes
- 1 Analyse de l’infrastructure existante et du cadre réglementaire
- 2 Etude du gabarit
- 3 Charge à l’essieu et longueur des trains
- 4 Etude de l’électrification
- 5 Etude de la signalisation et des communications
- B: Etudes des besoins transfrontaliers
- 1 Etude des besoins en voyageurs
- 2 Etude des besoins en marchandises
- C: Prévision du trafic ferroviaire
- D: Analyse de la capacité et plan d’exploitation
- E: Impact socio-économique des trafics transfrontaliers
Ces études de convergence ont été livrées en septembre 2020 mais n’ont pas été communiquées. Seule, une présentation générale de restitution a été diffusée [1]. La livraison de ces études a fait l’objet d’une conférence de presse de restitution par José Luis Soro le 23 novembre 2020 à Saragosse [2] [3]. Ce n’est que 18 mois plus tard, en mars 2022, que la vérité éclatera [6].
Une simple et jolie présentation
Cette jolie présentation bien faite et bien illustrée [1] fournie à l’occasion de la conférence de presse de José Luis Soro a tout pour séduire. Enfin, l’on sait à quoi ressemblera la future ligne internationale Pau – Canfranc – Saragosse. On aurait aimé consulter tous les documents de l’étude de convergence, mais cette présentation était, semble-t-il, suffisante.
Certes, les résultats sont quelque peu étonnants et déconcertants puisque la préconisation est de réaliser des travaux pour une réouverture en 2025 avec des trains en mode thermique, des voies d’évitement de 300m et en gabarit GB uniquement. Par la suite des voies d’évitement de 450m seraient créées en 2030, soit 5 années après. Puis en 2040, date certainement avancée pour être compatible avec les exigences de la CINEA, l’électrification serait réalisée.
On peut déjà se dire que l’électrification ne sera jamais réalisée. Il n’est en effet pas envisageable d’effectuer des travaux aussi importants quasiment en permanence jusqu’en 2040 sans affecter fortement l’exploitation. Soient les travaux sont tous réalisés conjointement pour 2025, soient les travaux prévus en 2030 et 2040 ne seront jamais réalisés. De plus, il est parfaitement impossible de débuter l’exploitation en 2025 sachant que l’étude sur le tunnel du Somport, qui devrait être livrée en novembre 2023, a été livrée avec une année de retard en septembre 2024. Cette étude de convergence semble aussi s’assoir allègrement sur l’autoroute ferroviaire puisque le gabarit des tunnels ne sera pas GB1, mais seulement GB.
Les autres lots de l’étude vont donc se focaliser à déterminer les travaux nécessaires et les coûts associés pour circuler en mode thermique avec des trains de voyageurs et des trains de marchandises de 450m de long au maximum. Autant dire que l’objectif initial de réaliser un report modal total des camions sur le ferroviaire est abandonné du côté Espagne et que les résultats de l’étude socio-économique sont certainement désastreux.
Analyse des études d’avant-projet de réhabilitation de Huesca à Canfranc
(lot 7 de la première étude 2016-EU-TA-0210-S)
Le 9 mars 2022, le Ministerio de Transportes, Movilidad y Agenda urbana a diffusé sur son site internet l’étude de l’INECO sur la mise à l’écartement UIC et autres travaux de la section Huesca – Canfranc [5] [6] [7] [8]. Cette étude constitue la phase 1 mais uniquement sur la section Huesca – Canfranc du lot 7 des études d’avant-projet pour la mise à niveau et la préparation à une future mise en service du tronçon Saragosse – Canfranc 2016-EU-TA-0210-S. L’étude initialement prévue en avril 2019 a été livrée en décembre 2021, donc avec 2 années et 8 mois de retard. Elle avait été précédée en juillet 2019 d’une pré-étude [4] d’une vingtaine de pages, support de l’étude complète.
INECO a donc réalisé une étude de très haut niveau, très bien faite et où rien en manque puisqu’elle contient 5 211 pages ! Cependant, cette étude est avant tout une compilation et une remise à jour de toutes les études faites depuis le début des années 2000 à différentes reprises sur les tronçons situés entre Huesca et Canfranc. Le document [6] en pages 4 à 7 recense ces différentes études et elles sont nombreuses puisque l’on n’en compte pas moins de 47 !
18 mois plus tard, la vérité éclate
Ce n’est donc que 18 mois plus tard, ce 9 mars 2022, que les informations, cachées par la jolie présentation [1] fournie à l’occasion de la conférence de presse de José Luis Soro, apparaissent au grand jour. Ces informations très précieuses sur les spécifications et capacités de la ligne Pau – Canfranc – Saragosse sont prodiguées par l’étude [6] en pages 8 à 16 et dans l’annexe 2. Et la réalité des choses est proprement hallucinante. Voici ce que sera la future ligne internationale vantée depuis plus de 30 années par nos politiciens locaux.
Concernant les caractéristiques techniques :
- Mise à l’écartement UIC de Huesca à Canfranc ;
- Les paramètres recommandés par la STI (Spécification Technique d’Interopérabilité) selon la catégorie de ligne sont :
- De Saragosse à Huesca :
- vitesse maximale de 200 à 250km/h ;
- longueur des quais de 200 à 400m ;
- longueur des trains de 600 à 1 050m ;
- De Huesca à Pau :
- vitesse maximale de 100 à 120km/h ;
- longueur des quais de 50 à 200m ;
- longueur des trains de 600 à 1 050m ;
- Cependant, comme ces paramètres ne sont pas atteignables, il a été décidé que les paramètres actuels de longueur des trains et de vitesse seraient conservés, si bien que les paramètres seront :
- De Saragosse à Huesca :
- vitesse maximale de 160 à 200km/h ;
- longueur des quais de 200 à 400m ;
- longueur des trains de 600 à 1 050m ;
- De Huesca à Pau :
- vitesse maximale de 60 à 110km/h (vitesses actuelles sans les limitations temporaires) ;
- longueur des quais de 50 à 200m ;
- longueur des trains de 300m (et si possible 450m en 2040) ;
- Electrification en 25kVCA avant 2050 selon le Règlement Européen 1315/2013, sans qu’une date précise d’électrification soit désormais avancée ;
- Signalisation en ERTMS niveau 1 et ASFA en Espagne ;
- Communications en GSM-R voire en FRMCS ;
- Tous les passages à niveau seront supprimés, même ceux des chemins ruraux ou privés qui ne voient passer que quelques voitures par semaine ;
- Le cantonnement actuel sera conservé dont toujours un canton de 41km entre Santa María y La Peña et Sabiñánigo.
- De Saragosse à Huesca :
- De Saragosse à Huesca :
Les trafics de voyageurs et de marchandises envisagés
Concernant les voyageurs :
- Les durées des trajets seront identiques aux trajets actuels sans les limitations temporaires de vitesse voire plus importants en raison de la nécessité d’attendre plusieurs minutes lors des croisements en gare ;
- Lorsque la ligne sera électrifiée normalement avant 2050, les durées de trajet resteront les mêmes et ne seront donc pas améliorés ;
- En 2025 et 2050, les meilleurs temps de parcours des voyageurs seront :
- Ligne internationale Saragosse – Pau : 5h04min ;
- Ligne internationale Pau – Saragosse : 4h58min ;
- Media Distance Saragosse – Canfranc : 4h03min ;
- TER Pau – Oloron : 37min ;
- TER Pau – Bedous : 1h05min ;
- TER Pau – Canfranc : 1h51min ;
- Suppression des arrêts des trains en gares de Saragosse-Miraflores, Saragosse-Goya et Saragosse-Portillo, il ne sera donc plus possible de faire la correspondance avec la ligne L1 du tramway de Saragosse à la station Fernando El Católico, ce qui correspond à une régression de l’intermodalité ;
- Les circulations de voyageurs prévues à l’horizon 2025 et 2050 en considérant les deux sens seront :
- Saragosse – Pau : 2 aller-retours soit 4 circulations par jour ;
- Saragosse – Huesca en Grande Vitesse : 1 aller-retour soit 2 circulations par jour ;
- Saragosse – Huesca en Media Distance : 4 aller-retours soit 8 circulations par jour ;
- Saragosse – Canfranc en Media Distance : 4 aller-retours soit 8 circulations par jour ;
- Pau – Oloron en TER : 5 aller-retours soit 10 circulations par jour ;
- Pau – Oloron – Bedous en TER : 3 aller-retours soit 6 circulations par jour ;
- Pau – Oloron – Bedous – Urdos – Canfranc en TER: 2 aller-retours soit 4 circulations par jour ;
- Total de 38 circulations par jour dans les deux sens ;
- En Media Distance et TER, le nombre de circulation sera donc identique à ce qu’il est actuellement en 2022 ;
- Les trains internationaux s’arrêteront à Saragosse, Huesca, Sabinanigo, Jaca, Oloron et Pau ;
- Il n’est pas prévu et il n’y aura jamais de liaisons directes Saragosse – Toulouse, ou Saragosse – Bordeaux, ou Madrid – Saragosse – Toulouse – Paris – Bruxelles.
Concernant les marchandises :
- Gabarit : le gabarit GB uniforme est retenu, car un gabarit plus généreux remettrait en cause la viabilité économique du projet, ce gabarit permet le passage de fret conventionnel de caisses mobiles et de containers, il ne permet pas le passage de poids-lourds P400 sur des plateformes type CargoBeamer ou Modalohr, ce qui confirme bien qu’il n’y aura pas d’autoroute ferroviaire et donc pas de report modal des camions de la RN 134 sur le rail ;
- Le trafic de marchandises visé est un trafic :
- de containers de Huesca PLHUS, Saragosse TMZ et Saragosse Plaza vers Bayonne, Bordeaux et Toulouse ;
- de céréales de Pau et Tarbes vers Saragosse Arrabal ;
- La charge à l’essieu retenue de 22,5t est la plus élevée pour permettre le trafic de marchandises ;
- La traction des trains serait réalisée par des locomotives diesel S-335 (version espagnole des locomotives Vossloh Euro 4000) qui pourront tracter :
- 1 060t dans le sens Saragosse – Pau avec une déclivité corrigée à la montée de 23‰ ;
- 507t dans le sens Pau – Saragosse avec une déclivité corrigée à la montée de 46‰ ;
- ces faibles tonnages sont à comparer avec les trains actuels de 750m généralement de 1 500 à 2 500t, voire jusqu’à 4 000t pour les trains de minerai ;
- Même lorsque la ligne sera électrifiée, il n’est pas envisagé d’utiliser de locomotives électriques pour le transport de marchandises, mais toujours les locomotives diesel S-335 ;
- La section Pau – Canfranc en train de marchandises sera réalisée avec 2 locomotives S-335 avec accouplement et désaccouplement de la deuxième locomotive en 20 minutes à Canfranc ;
- Les circulations de marchandises prévues à l’horizon 2025 et 2050 en considérant les deux sens seront :
- 2025 : 1 aller-retour au maximum, soit 1 circulation par jour et 6 circulations par semaine ;
- 2050 : 3 aller-retours au maximum, soit 5 circulations par jour et 34 circulations par semaine ;
- En 2025, les temps de parcours des trains de marchandises seront :
- Saragosse – Pau : 11h23min
- Pau – Saragosse : 8h55min
- En 2050, les temps de parcours des trains de marchandises seront :
- Saragosse – Pau : 08h15, 10h54 ou 11h23min
- Pau – Saragosse : 07h10, 08h10min ou 8h55min
Analyse de l’étude informative pour la réouverture du tunnel ferroviaire du Somport
(lots 3, 4 et 5 de la deuxième étude 2019-EU-TA-0040-M)
Le 26 septembre 2024, le Ministerio de Transportes, Movilidad Sostensible a diffusé sur son site internet l’étude de Grupo TYPSA sur la réouverture du tunnel ferroviaire du Somport [9] [10] [11] [12] [13] [14]. Cette étude détermine l’ensemble des travaux à réaliser sur le tunnel ferroviaire du Somport, à la fois sur le côté Espagne et le côté France. L’étude initialement prévue en novembre 2023 a été livrée en septembre 2024, donc avec 10 mois de retard.
TYPSA a également réalisé une étude de très haut niveau, très bien faite et où rien en manque puisqu’elle contient 3 450 pages ! Cette étude ne reprend rien des précédentes études faites en 2006 par AEPO, en 2011 par INECO et en 2019 par IDOM en arguant que les normes ont évolué et que l’état du revêtement du tunnel s’est fortement dégradé.
Quelques informations supplémentaires
Les critères de convergence sont désormais figés et invariables. La ligne Pau – Canfranc – Saragosse sera donc équipée de l’écartement standard UIC, du gabarit uniforme GB, d’une charge maximale à l’essieu de 22,5t, de l’électrification en 25kV, de la signalisation ERTMS niveau 1, de voies d’évitement d’une longueur utile de 450m. Ces critères seront également appliqués au tunnel ferroviaire du Somport et à la configuration du faisceau de voies dans la zone entourant la gare de Canfranc, de manière à donner une continuité à la voie générale jusqu’à l’entrée côté Espagne du tunnel avec, au moins une voie d’évitement d’une longueur utile minimale de 450 m, assurant le croisement et l’évitement des trains.
Ce scénario correspond au scénario “maximal”. Un autre scénario “minimal” avec l’écartement standard UIC, un gabarit uniforme GA, une charge à l’essieu de 20t, pas d’électrification, de la signalisation ERTMS niveau 1 et des voies d’évitement de 300m n’a pas été retenu.
A noter que l’électrification en 25kV ne serait pas installée à la réouverture de la ligne, mais à un horizon 2040. Le schéma d’électrification n’est pas arrêté et plusieurs scénarios ont été étudiés avec la mise en place de trois ou quatre nouvelles sous-stations, chaque pays alimentant la partie de la ligne située sur son territoire ou une partie de la ligne située dans l’autre pays. Etant donné l’horizon d’électrification de la ligne en 2040, l’électrification sera réétudiée en détail à une date ultérieure sur la base des réseaux de distribution d’électricité existants dans chaque pays à cette date.
Surtout, l’étude fournit la demande estimée de passagers et de marchandises pour les services ferroviaires entre l’Espagne et la France. La demande estimée de passagers serait alors :
- en 2025 : 67 011 voyageurs, soit environ 184 voyageurs par jour ;
- en 2030 : 167 527 voyageurs, soit environ 459 voyageurs par jour ;
- en 2040 : 201 033 voyageurs, soit environ 551 voyageurs par jour ;
- en 2050 : 232 884 voyageurs, soit environ 638 voyageurs par jour.
On comprend mal ce qui justifie une forte augmentation de la demande de 350% en l’espace de 25 années. De même, ces valeurs sont certainement très optimistes et ne correspondent pas une réalité certainement bien moins reluisante.
La demande actuelle et estimée de fret ferroviaire après la mise en service du tunnel et qui circulerait dans le tunnel est estimée pour les différents horizons temporels comme suit :
Scénario “maximal” | 2017 | 2025 | 2030 | 2040 | 2050 | |
Demande potentielle (t/an) | 1 772 776 | 2 054 031 | 2 175 058 | 2 492 099 | 3 111 191 | |
Demande captable (t/an) | Automobiles | 0 | 0 | 0 | 0 | |
Céréales | 109 275 | 138 528 | 173 160 | 242 424 | ||
Containers | 0 | 104 832 | 314 496 | 524 160 | ||
Total | 109 275 | 243 360 | 487 656 | 766 584 | ||
% de la demande potentielle | 5% | 11% | 20% | 25% |
Ainsi, la demande serait uniquement du transport de céréales en vrac et du transport combiné de containers, excluant tout autoroute ferroviaire.
A partir de ces estimations de trafic de voyageurs et de marchandises, il est possible d’en déduire le nombre de circulations nécessaires par années de fonctionnement :
Scénario “maximal” | 2025 | 2030 | 2040 | 2050 |
Voyageurs | 8 | 8 | 8 | 8 |
Marchandises | 2 | 4 | 6 | 6 |
Total circulations | 10 | 12 | 14 | 14 |
Total aller-retours | 5 | 6 | 7 | 7 |
Ainsi, avec une telle demande de circulations et en appliquant quelques actions mineures, la capacité de la voie unique est suffisante avec une occupation en charge estimée à 75%, ce qui permet de maintenir un niveau de sécurité suffisant.
Conclusion sur cette étude d’avant-projet de réhabilitation de Huesca à Canfranc
A la lecture de cette étude, les remarques suivantes peuvent être relevées :
- Le projet manque véritablement d’ambition car il ne considère qu’une simple réouverture de la ligne de Pau à Saragosse aussi bien pour les voyageurs que les marchandises, donc une simple ligne locale très loin des ambitions d’une véritable ligne internationale ;
- Il est clairement décevant de faire autant d’efforts financiers sans rectifier les courbes, si bien que les vitesses seront toujours de 60 à 85km/h sur les sections anciennes et les durées de trajet de Pau à Saragosse seront de 5h pour les voyageurs et de 8h à 11h pour les marchandises : est-ce bien raisonnable d’investir autant pour ne rien gagner sur la durée du trajet ?
- Les estimations du trafic de voyageurs sont fantasmagoriques et largement sur-estimées ;
- Le trafic de marchandises visé est simplement du transport de céréales en vrac et du transport combiné de containers, ce qui est bien peu ambitieux, excluant tout autre transport ;
- Le choix du gabarit GB condamne à jamais la réalisation d’une autoroute ferroviaire, et donc l’éventuel report des poids-lourds de la RN 134 sur la voie ferrée, ces poids-lourds seront donc de plus en plus présents sur la RN 134 ;
- L’électrification est clairement problématique et tout porte à croire qu’elle est mentionnée au seul but de recevoir des financements de la CINEA, mais qu’elle ne sera jamais mise en œuvre ;
- Tous les passages à niveau sont remplacés par des passages hauts ou bas, il s’avère désolant de faire autant d’efforts financiers pour supprimer des passages à niveau dont certains ne voient passer pas seulement quelques voitures chaque semaine ;
- La solution d’ERTMS niveau 1 n’est peut-être pas la plus adaptée pour une ligne de montagne et une solution ERTMS niveau 2 ou une adaptation de Next Regio serait peut-être plus aboutie et moins consommatrice en maintenance, on peut même se poser la question de l’intérêt d’installer une technologie si moderne d’ERTMS sur une ligne qui ne verra que quelques circulations par jour.
Finalement, quel peut être l’intérêt de tant de travaux et d’efforts financiers qui ne permettent pas de gagner du temps, qui ne permettent pas de réaliser le report modal des poids-lourds, mais qui permettent d’investir dans les technologies les plus modernes pour gagner de la capacité alors que le trafic sera toujours très faible, mais qui permettent de gagner de la sécurité sur les passages à niveau alors qu’il n’y a quasiment aucune voiture qui les traversent, mais qui préparent l’électrification alors que des locomotives diesel seront toujours utilisés même avec l’électrification ?
Faire tous ces travaux pour se conformer aux directives européennes et recevoir des subventions de la CINEA, est-ce bien raisonnable ? Ne serait-il pas plus intelligent de dépenser seulement 100M€ pour simplement améliorer la voie actuelle de Huesca à Canfranc et de rectifier quelques courbes, abandonner l’idée de faire du trafic de marchandises, abandonner la ligne internationale Saragosse – Pau et ceci afin d’augmenter la vitesse des trains de voyageurs de Huesca à Canfranc pour réduire les durées des trajets.
Quelques références
[1] : Superando las conexiones perdidas entre Francia y España: Estudios para la rehabilitación de la sección ferroviaria Transfronteriza Pau-Zaragoza – Presentación de las hipótesis de convergencia – diciembre 2019
[2] : Soro describe cómo será la línea internacional de Canfranc que se prevé que esté puesta en marcha en 2025 – Dirección de Comunicación del Gobierno de Aragón – Aragón Hoy – 23 noviembre 2020
[3] : El Canfranc se reabrirá en cinco años aunque sin electrificar la línea – D. Chic – El Periódico de Aragón – 23 noviembre 2020
[4] : Bridging missing links between France and Spain : Studies for the rehabilitation of the cross-border railway section Pau-Zaragoza – Activity 7 : pre-design studies for the upgrade and preparation for future operation in Zaragoza-Canfranc section – Documento de identificación de las actuationes y tramitaciones necesarias para la actualización y preparación para la futura operación del tramo ferroviario Zaragoza-Canfranc – INECO – julio 2019
[5] : Estudio informativo de implantación del ancho estándar en el tramo Huesca-Canfranc – Documento n°1. Memorias y anejos – INECO – diciembre 2021
[6] : Estudio informativo de implantación del ancho estándar en el tramo Huesca-Canfranc – Antecedentes – Anejo 01 – INECO – diciembre 2021
[7] : Estudio informativo de implantación del ancho estándar en el tramo Huesca-Canfranc – Análisis funcional – Anejo 02 – INECO – diciembre 2021
[8] : Estudio informativo de implantación del ancho estándar en el tramo Huesca-Canfranc – Documento n°1. Valoración – INECO – diciembre 2021
[9] : Estudio informativo para la reapertura del túnel ferroviario de Somport – Documento n°1. Memorias y anejos – TYPSA – agosto 2024
[10] : Estudio informativo para la reapertura del túnel ferroviario de Somport – Anejo 1 Antecedentes – TYPSA – agosto 2024
[11] : Estudio informativo para la reapertura del túnel ferroviario de Somport – Anejo 2 Situación actual del túnel – TYPSA – agosto 2024
[12] : Estudio informativo para la reapertura del túnel ferroviario de Somport – Anejo 3 Estudio de alternativas para la ampliación de la sección transversal del túnel – TYPSA – agosto 2024
[13] : Estudio informativo para la reapertura del túnel ferroviario de Somport – Anejo 4 Estudios técnicos para la reapertura del túnel – TYPSA – agosto 2024
[14] : Estudio informativo para la reapertura del túnel ferroviario de Somport – Documento n°3 Valoración económica – TYPSA – agosto 2024