Thélémaque Godard (11/05/1864 Lyon 3ème – …)

Quelques citations extraites de “La traction électrique a vaincu les Pyrénées” dans la revue La Science et la Vie, Tome XXXIV, n°134, du 1er août 1928, pages 89 à 98 :

p89 : “Pour le chemin de fer électrique, il n’y a plus de Pyrénées ! On voit immédiatement l’essor économique qui peut en résulter pour les deux nations voisines et, au point de vue technique, l’admirable effort qui a été accompli pour gravir des pentes de 45 millimètres par mètre, alors qu’avec la traction à vapeur on atteignait à peine 33 millimètres par mètre.”

p90 : “Mais un autre phénomène économique a influé considérablement sur la construction des lignes pyrénéennes : le développement intensif de la traction électrique, qui a permis de diminuer sensiblement les dépenses d’établissement et d’exploitation des lignes.”

p91 : “Le tracé d’une ligne électrique est beaucoup plus souple que celui d’une ligne à vapeur, puisqu’il permet d’utiliser, non seulement des rampes beaucoup plus fortes mais aussi des courbes de plus petit rayon. Le tracé peut donc épouser le terrain de plus près. C’est pourquoi on n’y trouve pas de ces viaducs gigantesques qui faisaient, autrefois la gloire d’un ingénieur : les ponts, comme ceux de Garabit et du Viaur, ne sont pas de mises ici, et si l’on rencontre, sur une ligne de ce genre, un ouvrage imposant, il y a gros à parier qu’il a été recherché en vue d’un effet esthétique à produire en laissant de côté toutes considérations d’économie.”

p92 : “Le nombre de ces sous-stations et l’importance des groupes convertisseurs installés dépendent essentiellement du nombre de trains à alimenter journellement et de la puissance absorbée par chacun de ces trains. Entre Bedous et Canfranc, on trouve deux de ces sous-stations…”

p93 : “Les plus puissantes développant, en moyenne, 1.500 ch, pourront traîner à deux des express composés de sept voitures des derniers modèles de grandes lignes et deux fourgons, à la vitesse de 35 kilomètres à l’heure sur des rampes de 43 millimètres.”

p94 : “C’est en vue de l’exécution des transpyrénéens qu’a été, pour la première fois en France, conçue l’idée d’électrifier les chemins de fer d’intérêt général à voie large. Mais, comme il arrive toujours, l’idée première s’est singulièrement transformée : elle est même en voie de produire une véritable révolution économique dans le Sud-Ouest.”

p95 : “Un exemple d’échange d’énergie est fourni précisément par le transpyrénéen de Bedous à Canfranc : ce sont les usines privées établies dans la vallée d’Aspe qui fourniront l’énergie pour cette ligne et, en compensation, les usines de la vallée d’Ossau fourniront de l’énergie à des clients des usines de la vallée d’Aspe situés dans la région de Bordeaux. Comme nous l’avons dit, les usines de la vallée d’Ossau présentent probablement le premier exemple et, dans tous les cas, le plus remarquable, en France, de l’aménagement d’une vallée, c’est-à-dire de l’utilisation la plus rationnelle possible des ressources hydrauliques trouvées dans les cours d’eau.”