Henri Lorin (02/07/1866 Bayonne – 01/05/1932 Bordeaux)

Quelques citations extraites de “Les chemins de fer transpyrénéens” dans la revue Questions diplomatiques et coloniales du 1er novembre 1904, pages 529 à 540 :

p530 : “Mais les grandes lignes du commerce international atteignent l’Espagne par mer, évitant le territoire français : Bilbao, Santander et bientôt Gijon sur le golfe de Gascogne, Séville et Cadix en Andalousie, Malaga, Carthagène, Valence, Barcelone sur le littoral méditerranéen, tels sont les points par où se nouent les transactions à longue distance.”

p532 : “Le gouvernement de Madrid considérait presque comme stratégique ce chemin de fer qui desservirait le haut Aragon et pourrait devenir une base d’opérations pour les troupes royales, au cas d’une nouvelle agitation carliste dans les provinces basques. Aussi le tronçon Huesca – Jaca fut-il construit assez rapidement et livré à l’exploitation en 1893 : c’est une ligne à fortes rampes, dont le trafic commercial est des plus médiocres,”

p532 : “En 1896, M. Barthou, député d’Oloron, étant ministre des Travaux publics, le dossier des Transpyrénéens fut tiré de la poussière des cartons”

p534 : “Nous ne pouvons cependant nous défendre de formuler quelques réserves, en insistant sur les difficultés de construction des Transpyrénéens, et sur le fait que leur utilité ne nous paraît pas impérieuse.”

p535 : “Il a toujours été convenu que les tunnels internationaux livreraient passage à deux voies, une française et une espagnole ; toutefois, pour éviter de grever trop lourdement le budget des travaux, il aurait été décidé récemment que ces deux voies seraient posées sur le même axe, donc que la circulation dans les tunnels se ferait, dans la pratique, comme sur une section à voie unique : les relations des gares internationales seraient alors beaucoup moins faciles le long des Transpyrénéens que sur les lignes déjà existantes de Cerbère à Port-Bou et Hendaye à Irun.”

p535 : “…or dédoubler ces trains, c’est allonger les arrêts, diminuer la commodité du voyageur, élever très sensiblement le coût de l’exploitation…”

Quelques citations extraites de “Les chemins de fer transpyrénéens” dans la revue Questions diplomatiques et coloniales du 1er janvier 1905 en réponse au Compte Bégouën, pages 42 à 43 :

p42 : “… j’estime que pas un seul des Transpyrénéens projetés n’a de valeur générale et je me demande si les “possibilités” économiques (nulle réalité n’existe encore) permettent d’escompter jamais des rendements rémunérateurs.”

p43 : “… mais serait-il équitable à l’ensemble des contribuables, tant français qu’espagnols, de coûteux sacrifices pour le profit exclusif de quelques milliers de montagnards ?”

p43 : “Que l’on ne s’y trompe pas en effet, à part le trafic « né sur la voie » et peut-être une clientèle estivale de touristes, les lignes transpyrénéennes ne seront pas fréquentées; les trains de fret, les trains qui paient emprunteront toujours les lignes à profil plus calme, celles de la vallée du Rhône ou du seuil du Poitou.”

p43 : “Je ne puis donc souscrire à l’idée que deux gouvernements mettent en branle parlements et diplomatie, engagent des dépenses considérables et des travaux qui dureront quinze ans, pour construire, sous le nom de voies internationales, de médiocres lignes d’arrondissement.”